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Maladies

Définition d’un lumbago

Le tour de rein (ou lumbago pour le médecin) se définit par des douleurs vives au niveau des vertèbres lombaires, de la moitié  inférieure du dos. Ces douleurs surviennent brutalement, en général après un effort brusque ou inhabituel ; elles entraînent une contracture réflexe des muscles du dos, qui bloque les mouvements à ce niveau douloureux.

Le lumbago est la cause la plus fréquente de lombalgie aiguë : il dure en général quelques jours (neuf cas sur dix), mais tend à récidiver dans un tiers des cas (INRS, 2011). C’est un trouble musculo-squelettique (TMS) entrant dans le plan de promotion national de la santé au travail 2010-2014.

Facteurs de risque et conséquences du lumbago

Le lumbago aurait une composante héréditaire, certaines familles étant plus exposées à faire un tour de rein. Mais c’est de loin la mauvaise hygiène posturale qui est le plus grand facteur de risque. Le surpoids et le stress sont également impliqués.

Le lumbago entraîne des arrêts de travail, en général de quelques jours, sauf si le mal de dos devient chronique. La situation est alors plus complexe et l’arrêt de travail prolongé ; elle peut mener à une invalidité.

Pour les auteurs Poiraudeau et coll. (2004), seuls 8% des patients lombalgiques passeront à la chronicité mais ils représentent plus de 85% des coûts induits. Les facteurs de risque de passage à la chronicité, de non-reprise des activités professionnelles sont essentiellement psychosociaux.

Selon l’InVS (bulletin épidémiologique, 2 mars 2007), l’échantillon de patients interrogé en 2001 comporte plus de lombalgiques devenus « autres inactifs » que ce à quoi on pouvait s’attendre dans la population française. Parmi les lombalgiques en activité, les femmes sont relativement nombreuses à être devenues chômeuses, et elles ont moins souvent conservé une activité professionnelle que les femmes actives en population générale.

Les mêmes tendances sont observées pour les hommes, sans être significatives. Le passage à la retraite ne semble pas en être influencé.

Causes et mécanismes du lumbago

Entre chacune des 24 vertèbres de la colonne vertébrale se trouve un disque intervertébral qui assure le rôle d’amortisseur du dos. Les disques intervertébraux sont constitués au centre d’une partie molle et gélatineuse (le noyau), qui est entourée d’un anneau fibreux et rigide. Lors d’un lumbago, l’anneau fibreux se fissure et la gélatine du noyau vient s’y immiscer.

L’anneau étant très innervé, cela engendre une douleur vive et une contraction réflexe des muscles du dos. La douleur n’est pas proportionnelle à la lésion : elle dépend notablement de l’état psychique et du stress ambiant qui abaissent le seuil de perception douloureuse et le seuil de réaction musculaire locale.

Lorsque les épisodes de lumbago se répètent, les fissures du disque s’agrandissent : une partie du noyau sort des disques intervertébraux : c’est la hernie discale. Cette hernie peut comprimer une racine nerveuse, entraînant des douleurs et sensations bizarres (paresthésies) dans le territoire innervé par la racine comprimée.

Le plus souvent il s’agit d’une atteinte du nerf sciatique. On parle communément de sciatique, et le médecin de sciatalgie.

Symptômes du lumbago ?

C’est lors de mouvements anodins, violents ou inhabituels, comme bêcher son jardin, soulever un sac trop lourd, faire occasionnellement du sport ou encore pendant un déménagement, que le dos se coince.

La douleur survient brutalement et violemment : la personne est cassée en deux, ou selon un angle plus ou moins prononcé. Tout mouvement du dos est impossible pendant plusieurs jours dans une ou plusieurs directions.

Causes du lumbago, avec quoi ne faut-il pas confondre ?

Si la douleur survient chez une femme ménopausée, suite à un mouvement brusque ou inopiné, il peut s’agir d’une fracture vertébrale due à l’ostéoporose post-ménopausique. Une radiographie du rachis (colonne vertébrale) confirme ou pas ce diagnostic.

Dans d’autres cas, rares, le lumbago est provoqué par une maladie générale ou locale : rhumatisme inflammatoire, infection, cancer…

Il s’accompagne alors de signes spécifiques selon la cause : perte de poids inexpliquée (suspicion de cancer), raideurs matinales (suspicion de rhumatisme inflammatoire), fièvre, infection urinaire (suspicion d’infection)…

Y a-t-il une prévention possible du lumbago ?

L’hygiène du dos s’apprend tôt pour éviter ces troubles lorsqu’on vieillit, et le kinésithérapeute reste le meilleur enseignant de cette hygiène du dos. Malheureusement le passage chez ce professionnel de santé est en général postérieur au premier lumbago !

Elle comporte les mouvements corrects de la vie quotidienne ou hygiène posturale : garder le dos bien droit et les genoux fléchis lorsque l’on se relève, que l’on ramasse un objet, ou que l’on porte des charges, etc.

Il y a aussi les bons mouvements pour se lever du lit le matin  : basculer sur le côté puis se relever d’un bloc, toujours la colonne droite. Ensuite, la gymnastique, un quart d’heure tous les matins, limite le risque de lumbago en renforçant les muscles du dos (muscles spinaux) et les muscles de l’abdomen (abdominaux).

L’activité physique régulière et adaptée est dans tous les cas primordiale : marche active, rameur, natation (notamment le dos crawlé)…

Les étirements musculaires quotidiens et les séances de yoga hebdomadaires ont montré leur intérêt significatif dans la réduction au long cours des signes douloureux et dans l’amélioration fonctionnelle des patients lombalgiques (Sherman et coll. Archives of InternalMedicine, octobre 2011).

Certaines entreprises employant des personnes qui sollicitent beaucoup leur dos (manutention, déménageurs) organisent des enseignements d’ergonomie du dos par le biais de la médecine du travail et des plans de prévention des maladies professionnelles.

A quel moment consulter pour un lumbago ?

Dès que le dos se bloque, la consultation chez le médecin généraliste s’impose. Il faut en effet traiter au plus vite pour éviter que le lumbago ne s’installe dans le temps. Sans prise en charge adaptée il risque de devenir chronique, et beaucoup plus difficile à traiter.

Le recours à un spécialiste (rhumatologue) est à envisager si la douleur ne cède pas au traitement habituel, si elle devient chronique, ou si les lumbagos se répètent.

Comment préparer la consultation du médecin ?

Compter le nombre de fois où cela arrive, tenter de se souvenir des conditions d’apparition de la douleur.
Indiquer précisément l’endroit douloureux, les positions qui font mal et celles qui soulagent.

Préciser les traitements médicamenteux en cours : certains altèrent la vigilance et augmentent le risque d’un faux mouvement. D’autres diminuent la masse osseuse et accroissent le risque de fracture vertébrale pour des chocs ou mouvements minimes.

Soins du médecin lors d’un lumbago ?

En général, en quelques jours (environ une semaine), le lumbago disparaît de lui-même quand on se contente d’éviter les mouvements douloureux. Le médecin confirmera l’intérêt de ce ménagement sans immobilisation, par un arrêt de travail sans alitement.

L’arrêt de travail est court. Un tour de rein ne se « respecte » pas, c’est-à-dire qu’on ne doit pas s’aliter : le repos prolonge les douleurs et le blocage musculaire. La personne arrêtée doit vivre sa vie quotidienne en prenant comme limite le réveil de sa douleur.

Le traitement médicamenteux institué par le médecin ne soigne pas la cause du lumbago banal par hernie discale, mais il soulage la douleur. Il s’agit des antalgiques, éventuellement des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des décontracturants musculaires.

Ils s’accompagnent d’une rééducation musculaire, élément capital pour éviter les rechutes et le passage à la chronicité.

Si ces médicaments ne sont pas efficaces, le médecin peut recourir à des corticoïdes, voire des infiltrations locales de cortisone. Il n’y a pas de traitement chirurgical du lumbago, sauf s’il est associé à une compression majeure des nerfs avec paralysie. C’est alors une urgence neurologique.

 

Mise à jour par le Dr Sophie Duméry

 

Voici une vidéo explicative du lumbago.

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